Est-il possible de passer de la souffrance (ou de la maladie) à un état de santé ? Est-il envisageable de guérir ? Et si oui, quels sont les processus de guérison susceptible de nous aider ?
Ces questions et bien d’autres, je me les suis posées à un niveau très profond et à maintes reprises dans mon chemin de vie. Vous aussi peut-être ? Que ce soit pour vous-même ou pour un proche atteint par la maladie. « Mal à dire » dans la langue des oiseaux. J’imagine bien que si vous lisez ce magazine, vous connaissez cette métaphore. Oui… mais ce qui compte, je l’ai bien compris et surtout vécu, c’est l’intégration profonde de ce que nous savons, connaissons ou lisons. Car le savoir seul ne suffit vraiment pas ! La mise en pratique fait la différence.
A 35 ans, j’ai vécu un très grave accident de la route, le 6 mai 2003 où j’ai frôlé la mort et la tétraplégie. Comme par hasard, toutes les blessures étaient presque invisibles, bien cachées à l’intérieur de mon corps hormis quelques hématomes de ci, de là. Double fracture de la colonne vertébrale en L4 et D6, dont pluri fractures instables en D6, onze côtes cassées, hémothorax…
Oui, mes séquelles étaient bien cachées à l’intérieur de moi. Et ça faisait longtemps que cela durait mais je n’en étais pas consciente la plupart du temps. L’accident de la route n’a été que le révélateur de blessures bien plus profondes dont je n’avais pas fait grand cas lorsqu’elles tentaient de m’interpeller.
A l’extérieur, dans ma vie professionnelle et sociale, je donnais le change avec un poste brillant de directrice commerciale, avec des sourires et de l’élan, du courage et beaucoup de travail pour toujours aller de l’avant et progresser dans mon statut social ! Ma vie amoureuse était plus compliquée mais je gardais espoir qu’un jour peut-être cela marcherait. Je faisais énormément de dénis mais je ne le voyais pas. Mes émotions, mes sentiments, cela n’était pas vraiment au programme de mon existence et lorsque parfois je ressentais trop fortement le mal-être, je me reprenais bien vite pour continuer à avancer ! Comme un bon petit soldat. Comme l’enfant que j’avais été, il y a bien longtemps. Bref, vous l’aurez compris, je ne laissais rien paraître au dehors ou si peu de mon monde intérieur. Mon attention était très souvent focalisée à l’extérieur et dans des objectifs à atteindre pour peut-être, un jour, connaître le bonheur.
Le chemin de la souffrance physique m’a donc conduite à un parcours de guérison bien plus profonde que le corps lui-même. Certes les médecins se sont occupés de mon corps mais c’est à partir de cet évènement dramatique que j’ai entrepris un travail intérieur accompagnée par divers thérapeutes et chamans, en suivant enfin mes intuitions. J’ai commencé à réaliser le manque de sens de mon existence et à remettre en question mes valeurs. Cela m’a amenée à opérer des changements importants pour me mettre au diapason de ma Vérité. J’ai quitté mon conjoint, prenant conscience qu’au fond, je n’étais pas sûre de l’aimer vraiment et que je n’arrivais pas à être heureuse dans ce couple. Il était temps de me rendre à cette réalité que j’avais déjà pressentie depuis un certain temps. J’ai aussi été licenciée pour inaptitude physique et ce fut une délivrance. En effet, j’étais tombée sur un patron excessif et tyrannique qui « tirait sur la corde » sans arrêt. Et comme je ne savais pas dire « non », « stop », ni me positionner fermement, cette rupture fut vraiment un cadeau du Ciel ! Plus tard, elle allait m’aider à bien vouloir observer les endroits où je me comportais moi-même comme un tyran avec moi. Car je faisais bien sûr partie de l’équation ! Dans notre vie, on n’attire personne pour rien !
Ainsi au fil des mois, je n’avais plus les mêmes valeurs et mes priorités avaient radicalement changées. J’ai entrepris une formation pour devenir sophrologue et en parallèle, je suivais de nombreux chamans et débutais ainsi mon chemin « d’apprentie chamane ». Un chemin que je ne m’expliquais pas mais qui résonnait tellement fort dans mon cœur et dans mes tripes ! Mais ça, c’était plus secret… car je ne l’assumais pas vraiment ! Déjà que sophrologue pouvait sembler bizarre à certaines personnes dans mon entourage, alors le chamanisme, fallait pas exagérer !
Je raconte ces expériences et mes ouvertures de conscience dans mon premier livre : « L’arbre du choix, mon rendez-vous avec les Êtres de Lumière », ainsi que l’expérience de mort imminente (E.M.I) que j’ai vécue lorsque mon véhicule a percuté un arbre. Cette E.M.I m’a connectée à un niveau d’Amour et de Joie bien plus grand que tout ce que j’avais déjà connu ou goûter ici-bas. C’était comme « rentrer à la Maison, dans ma Vraie Demeure » ; une expérience inoubliable qui allait de fait impacter toute mon existence. Car après avoir goûté à mon Essence, il restait encore un long chemin à parcourir pour accéder à plus de joie et à cet Amour plus grand…
Grâce à mes démarches thérapeutiques, j’ai pu quitter peu à peu le monde de la douleur, retrouver un corps en santé et avoir de nouveaux projets comme celui de devenir sophrologue et de poursuivre ma route avec les chamans.
Une nouvelle vie où j’ai commencé à transmettre car la sophrologie m’avait beaucoup aidé à me reconnecter à mon corps et à ma sensibilité. J’ai eu la joie d’animer des groupes hebdomadaires et des stages pendant plusieurs années tout en donnant des conférences sur les états de conscience modifiée. En parallèle, je conservais mon attrait pour le chamanisme qui revêtait une dimension de plus : celle du monde invisible. Et c’était si important pour moi qui avais vécu une N.D.E (Near Death Experience). Il y avait également cette connexion profonde avec la Terre Mère qui touchait profondément mon cœur. J’aimais ces cercles dans lesquels nous guérissions ensemble dans une grande bienveillance.
Puis en 2010, de retour d’un merveilleux voyage au Ladakh, j’ai commencé à avoir très souvent mal au ventre et à avoir du sang dans les selles. Après divers examens non concluants, j’ai été diagnostiquée d’une maladie dite incurable : une R.C.H (Recto Colite Hémorragique) que j’ai rebaptisée plus tard « Rire Chanter = Healing », (qui signifie guérison) lors d’un voyage au Brésil où je tentais de trouver une fois de plus ma guérison.
Cette fois, j’ai dû aller bien plus profondément dans mes blessures d’enfant et traverser nombre d’émotions que j’avais refoulée comme la tristesse, l’humiliation, le dégoût, la honte, la colère et même la rage et l’impuissance… Toutes ces émotions étaient restées interdites dans mon enfance et passées sous silence. Emotions ravalées dans mon ventre depuis bien longtemps ! Et cette habitude étant bien ancrée, elle était restée active dans ma vie de jeune femme et d’adulte ! Cette maladie si difficile à vivre m’a conduite à les revisiter toutes et à prendre conscience des profondeurs de mes douleurs d’enfant ! Je réalisais peu à peu l’importance et les conséquences de ces interdits familiaux de s’exprimer librement et même d’avoir des besoins que l’on pouvait nommer.
Cette maladie a signé le début d’un nouveau parcours de guérison ! Fini, le refoulement émotionnel habituel. Finie, l’habitude de subir et de ne pas jouir de l’existence. Je m’inscrivais dans une chorale et commençais des cours de djembé qui allaient beaucoup me confronter et me montrer la profondeur de mes blocages d’enfant, qui étaient en réalité toujours présents bien que cachés au-dedans !
Bien sûr, je me suis faite accompagnée car vivre une maladie grave est difficile et il y a des zones que nous ne pouvons pas explorer seul. Il y aussi des « angles morts » où l’on ne voit rien ! Parfois, je voulais mourir, que tout s’arrête enfin tant ma vie était devenue souffrance ! Et cela fut aussi à accueillir.
Le parcours vers ma rémission a duré neuf ans durant lesquels j’ai exploré de nombreuses voies tant dans les médecines parallèles que spirituelles et dans la médecine conventionnelle. Neuf ans, c’est un cycle complet si l’on en croit la numérologie… Aujourd’hui, je vais bien et je partage toutes les clés qui m’ont aidée.
Je ne peux qu’encourager toute personne gravement malade à se faire aider. Car certes, l’épreuve est potentiellement une initiation majeure pour retrouver sa Vraie Nature sans faux semblant et libérer ses blessures, mais c’est également une route sinueuse et difficile pour l’humain que nous sommes. C’est pour cela que j’ai eu à cœur d’écrire ce nouveau livre qui est un guide pratique pour les personnes qui souffrent d’une maladie, d’une dépendance ou d’une douleur émotionnelle et / ou mentale.
Cette descente dans la maladie m’avait donc montré une zone en très grande souffrance : mon ventre, dit aussi « deuxième cerveau émotionnel ». La théorie, je la connaissais mais vivre des émotions nécessite de décoder leur message et d’être apte à leur expression. J’avais toujours été très sensible et ressenti fortement autant que je m’en souvienne. Et ce, depuis que j’étais enfant. Mais les émotions n’ont d’utilité que si l’on prend conscience de nos besoins insatisfaits, que l’on est capable de les verbaliser et d’en prendre soin ! Or, il se trouve que j’étais inapte en ce qui concerne l’expression de mes émotions et plus encore, de mes besoins que je ne connaissais pas ! Car pour les connaître, encore faut-il avoir le droit d’en avoir et cela demande d’apprivoiser le langage des émotions. Et de prendre responsabilité de nos besoins et de toute notre Vie !
Les deux chakras, celui de la gorge (6ème) et du ventre (2ème) sont reliés dans la tradition Ayurvédique, comme quoi, il n’y a pas de hasard ! Si vous avez un blocage au 2ème chakra, il est probable que vous en ayez un aussi au 6ème ! Pour ma part, j’ai pu débloquer le chakra de la gorge par un travail sur la voix chantée qui m’a donné accès à mes émotions refoulées. Particulièrement à travers le chant libre intuitif ou chant de l’Être. En effet, c’est un chant qui part de ce qui est senti dans l’instant et qui n’a aucun code. Il est donc question d’aller chercher en soi-même une forme d’expression de son Être et bien sûr d’oser sa voix ! Et dans ce domaine là, je venais de très loin ! Pour le chakra du ventre, j’ai naturellement eu un élan vers la danse Africaine et cela a été très bénéfique pour l’expression de mon corps de femme. Si vous souhaitez découvrir mon parcours de guérison, je vous invite à lire mon témoignage : « Dialogue avec mes intestins, le réveil de la chamane » aux éditions M+, sorti en octobre 2020.
Aujourd’hui, je vois la maladie comme une sonnette d’alerte qui nous dit : « tu as des messages (émotions, sensations, ressentis…) que tu n’as pas pris en considération, que tu as repoussé d’un revers de bras. Il est temps maintenant de t’occuper de toi et de rejoindre ton Être. Il est temps de goûter à l’Amour que tu Es et de te souvenir de ta Vraie Nature puissante, créatrice et souveraine. » Bien sûr cela nécessite un chemin de conscience et de cœur tant nous avons oublié « Qui Nous Sommes Vraiment » et tant nous avons appris à nous mentir, à nous sur-adapter y compris à un monde malade ! Bien souvent nous avons cru que nous ne pouvions pas faire autrement. C’est la puissance de nos conditionnements !
C’est l’enseignant Krishnamurti qui a écrit : "Ce n'est pas un signe de bonne santé que d'être bien adapté à une société profondément malade". Nous devrions peut-être méditer cette phrase et conscientiser que pour ne plus s’adapter à tout ce qui est inhumain, non respectueux du Vivant, et bien, il faut ressentir à nouveau ! Cela suggère la réhabilitation de toutes nos émotions et sensations ainsi que leur prise en considération. Car en réalité, elles sont des GPS divins ! Ce n’est pas pour rien que le Créateur (ou la Source) nous a doté de toutes ces perceptions subtiles bien qu’invisibles ! Mais pour sentir, encore faut-il être relié à son corps entier et non pas seulement à notre tête, lieu de tous les conditionnements ! C’est pourquoi il est si important de l’habiter entièrement.
La maladie nous invite aussi à nous mettre vraiment aux commandes de notre existence et de prendre responsabilité de notre propre épanouissement, et de notre guérison aussi. Car chacun de nous dispose d’un potentiel de guérison (gai rions !). Le corps est un miracle à lui seul ! Il fabrique quantité de nouvelles cellules chaque jour en dehors de notre conscience. Il est intelligent et résout nombre de dysfonctionnements sans notre intervention. Si la maladie arrive, c’est qu’il est nécessaire de prendre conscience de certains fonctionnements, souffrances… car le corps ne peut plus tout gérer seul.
Et il est bien question, aujourd’hui, de redevenir souverain et d’assumer notre propre pouvoir divin. Et ce pouvoir est en soi et sur soi-même, c’est un pouvoir de révélation de l’Amour que Nous Sommes. Chacun doit le reprendre en mains et le rendre manifeste. Il est grand temps de renouer avec le Vivant et le Vibrant. Cela passe par renouer avec notre polarité féminine, que l’on soit né femme ou homme, afin de créer avec notre polarité masculine ce nouveau monde, cette Nouvelle Terre. Et chacun de nous est concerné et important dans cette co-création.
NICOLE CANIVENQ,
Chamane, Sophrologue, Auteure*
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